Comment enseigner le vocabulaire à l’école primaire ?

Comment enseigner le vocabulaire à l’école primaire ?

Vous vous demandez comment apprendre le vocabulaire à vos élèves de primaire ? Un adulte ayant un niveau d’éducation élevé connaît entre 25 000 et 40 000 mots. De son côté, la langue française compterait plus de 32 000 mots.

Pour les maîtriser tous, il faut bien commencer l’apprentissage dès la classe élémentaire.

Des études ont démontré les liens étroits entre la réussite scolaire et la richesse du vocabulaire. En primaire, plusieurs méthodes permettent aux enseignants d’enseigner le vocabulaire. Si la lecture se trouve en haut de la liste, d’autres activités plus ludiques favorisent également l’apprentissage de nouveaux mots.

Les enjeux du vocabulaire dans la réussite scolaire des élèves

Le vocabulaire a fait l’objet de nombreuses recherches, dont celle d’Alain Lieury (1946-2015), professeur émérite français de psychologie cognitive à l’université de Rennes 2.

Une petite fille souriante lève la main en cours pour prendre la parole.
En sociologie, on retient souvent que plus la classe sociale des parents est favorisée, mieux l’enfant saura s’exprimer à l’école.

Ce dernier met en évidence l’impact du vocabulaire dans la réussite scolaire. D’après ses travaux, les meilleurs élèves sont ceux qui ont un vocabulaire plus riche. Plus un élève connaît des mots, plus il a la capacité de s’exprimer et de structurer sa pensée.

Rappelons l’évolution de l’acquisition du lexique pendant l’enfance. A partir de 24 mois, un enfant devrait connaître entre 100 et 500 mots. C’est ce qu’on appelle l’explosion lexicale. Dès qu’il entre en CP, il l’enrichit davantage grâce à la lecture.

Selon cet article sur le développement du langage à 6 ans, un enfant devrait maîtriser entre 2 500 et 3 000 mots. Pourtant, on constate déjà des écarts à cet âge.

C’est à cet âge que le vocabulaire est le plus important. Il est déterminant dans la compréhension des énoncés dans les exercices et la lecture.

A la fin de la classe élémentaire, le potentiel moyen devrait se situer entre 6 000 et 10 000 mots, sachant que l’élève enregistre une progression moyenne de 1 000 mots par an. Les niveaux les plus faibles accusent néanmoins un retard de 5 ans par rapport aux plus performants.

Les facteurs qui expliquent la pauvreté du vocabulaire chez les élèves en primaire

Les recherches expliquant la pauvreté lexicale au cours de l’enfance soulèvent des facteurs socio-culturels.

L’environnement familial stimule les enfants intellectuellement à travers leur interaction avec les adultes. Chaque enfant possède ainsi un bagage culturel différent.

Les enseignants constatent également une grande disparité dans le niveau des élèves selon leur origine.

Les francophones s’en sortent mieux, malgré un vocabulaire encore limité au primaire. Par contre, les élèves allophones (de langue maternelle autre que le français) éprouvent encore des difficultés, notamment dans le genre et la dénomination d’un objet.

On peut aussi pointer du doigt le langage oral utilisé en société.

A l’oral, les adultes se cantonnent à des mots courants, sans chercher plus loin. De leur côté, les manuels scolaires proposent des mots complexes que les élèves n’utilisent pas au quotidien. Une telle situation provoque inexorablement des incompréhensions.

Enfin, la richesse du vocabulaire dépend des aptitudes personnelles de l’élève. On retient ici son niveau intellectuel et son type cognitif.

Certains auront du mal à se concentrer et à mémoriser tandis que d’autres sont plus actifs pour construire des compétences.

Comment enseigner le vocabulaire en primaire?

Dans leurs interactions avec les adultes et entre eux, les enfants découvrent de nouveaux mots chaque jour.

Cette découverte ne suffit pas pour s’approprier un mot. C’est là qu’intervient l’école.

Un groupe d'élèves avec leur professeure des écoles en cours de français.
Chaque jour un nouveau mot de vocabulaire : c’est comme ça que les enfants peuvent progresser !

Les programmes du cycle primaire prévoient des leçons adaptées à leur âge en théorie. Mais comment faire ?

Distinguer le vocabulaire et le lexique

Avant de répondre à la question, il est important que l’on distingue le vocabulaire du lexique.

Les deux termes sont souvent confondus par les enseignants eux-mêmes. Sur son site, Eduscol définit le lexique comme un ensemble de termes reliés entre eux par la synonymie, les champs lexicaux, la forme, l’étymologie, etc.

En somme, il désigne l’ensemble des mots qui forment une langue.

De son côté, le vocabulaire fait référence aux mots utilisés par une personne pour communiquer.

Le vocabulaire est essentiel pour l’enfant, puisqu’il en aura besoin dans son parcours scolaire. En cycle élémentaire, il n’a pas besoin de maîtriser le lexique français.

Le vocabulaire peut être divisé en trois catégories selon leur usage par les élèves :

  • Actif désignant ceux qu’ils maîtrisent déjà et utilisent dans le bon contexte,
  • Passif pour les mots qu’ils connaissent, mais utilisent rarement,
  • Inconnu pour les mots qui restent à découvrir.

L’apprentissage du vocabulaire suit donc une progression logique, allant de l’inconnu à l’actif.

L’assimilation des mots varient en fonction de leur complexité et de leur fréquence d’utilisation au quotidien. C’est pourquoi, il n’existe pas une, mais plusieurs méthodes pour enseigner le vocabulaire.

Il revient à l’enseignant de choisir la technique adaptée en fonction des mots à apprendre.

Les attentes du programme en primaire

Le vocabulaire a longtemps été délaissé au profit de la grammaire dans les programmes de primaire.

Il faut attendre des recherches linguistiques récentes pour qu’il retrouve ses lettres de noblesse. Ces recherches ont démontré que le vocabulaire a autant d’importance que la grammaire pour structurer ses pensées.

C’est ainsi que le vocabulaire est désormais mis en avant dans les programmes scolaires, dès la maternelle. Il s’agit notamment d’un apprentissage oral de nouveaux mots à travers des activités stimulantes en classe.

Les élèves découvrent l’écrit à partir du cycle 2. Ils doivent donc être capable de distinguer les mots d’après leur sens et les liens qui existent entre eux : synonymes, antonymes, champs lexicaux, etc.

A partir du cycle 3, l’apprentissage du vocabulaire évolue grâce à l’introduction d’un nouveau support : le texte. Les élèves peuvent désormais utiliser le dictionnaire. Ils étudient la syntaxe, le registre de langue, la polysémie, etc.

Les différentes méthodes pour enseigner le vocabulaire en primaire

L’avantage avec le vocabulaire, c’est que son acquisition peut se faire via n’importe quelle activité. En tant qu’enseignant, vous pouvez donc varier les exercices pour stimuler les élèves et favoriser leur mémorisation. Découvrons ces méthodes qui sont couramment utilisées pour enseigner le vocabulaire en classe élémentaire.

Un petit garçon vu de profil en train de lire un livre sur un lit.
Si votre fils développe une appétence pour la lecture dès le primaire, c’est plutôt bon signe !

La lecture

La lecture constitue un élément clé dans la réussite scolaire. Pourtant, des études de la DEPP montrent que 22 % des jeunes entre 16 et 25 ans éprouvent des difficultés dans ce domaine. Les lacunes se trouvent au niveau de la compréhension et du déchiffrage.

C’est pourquoi cet exercice est mis en avant dès la cycle élémentaire. Il permet aux élèves de découvrir de nouveaux mots et ainsi, d’enrichir leur vocabulaire.

En primaire, l’enseignant choisit le texte qui lui semble adéquat pour découvrir de nouveaux mots. Bien que vous ayez le champ libre, vous devez choisir un texte de qualité. Par ailleurs, les mots inconnus devraient représenter seulement 20 % du texte. Cela facilite l’exercice de lecture.

Adaptez-vous au niveau de la classe : vous n’allez logiquement pas soumettre un texte de Victor Hugo ou d’Emile Zola à vos petits de CP !

La lecture en groupe a démontré son efficacité, notamment pour motiver les élèves. Vous les laissez réfléchir pendant quelques minutes pour se préparer. Ensuite, vous organisez une lecture collective à haute voix.

Une lecture individuelle peut aussi être proposée, laissant les élèves passer un à un.

L’avantage de cet exercice est qu’elle peut se faire en dehors du temps de classe. Vous choisissez un livre adapté à leur âge pour les encourager à lire à la maison.

L’enseignement explicite

Les recherches académiques distinguent deux types d’apprentissage du vocabulaire : implicite et explicite.

L’apprentissage implicite signifie que les élèves découvrent un nouveau mot à travers d’autres situations comme les activités et la lecture par exemple.

Cet apprentissage implicite n’est pas suffisant pour apprendre de nouveaux mots. C’est pourquoi l’enseignant doit mettre en place l’enseignement explicite.

Les deux sont complémentaires. Les élèves découvrent un flot de mots au cours d’une activité. Cette découverte, si elle n’est pas appuyée par une véritable leçon de vocabulaire, peut tomber dans l’oubli.

Vous pouvez donc faire une liste de ces mots et revenir dessus pendant la leçon. C’est l’occasion d’apprendre leur sens, de les répéter et de les utiliser dans le bon contexte.

Il existe plusieurs techniques adaptées à l’enseignement explicite que vous pouvez utiliser. En voici quelques-unes.

Le mot du jour

Chaque jour, le professeur propose un nouveau mot aux élèves. Vous l’avez peut-être déjà fait en classe sans le savoir.

Cette découverte s’accompagne d’une activité de réutilisation. Pour stimuler la mémoire visuelle et auditive, vous pouvez proposer de nombreux exercices comme :

  • Epeler le mot à voix haute en fermant les yeux,
  • Ecrire le mot dans le cahier sans regarder au tableau,
  • Raconter une expérience réelle ou fictive autour du mot à l’écrit ou à l’oral, etc.

Le dernier exercice est important puisque la réutilisation favorise la mémorisation du mot. Vous pouvez les encourager à utiliser le vocabulaire découvert pendant la semaine à l’oral ou à l’écrit.

Les techniques visuelles

Ces techniques conviennent davantage aux élèves ayant des facultés de mémorisation visuelle.

Vous pouvez par exemple utiliser des flashcards avec le mot et une image qui le représente. Ces flashcards sont également efficaces pour réviser les mots vus au cours de la semaine ou du mois. Vous montrez l’image et les élèves le décrivent à travers un mot.

En cycle élémentaire, l’utilisation des affichages est également courante.

Vous collez des images des mots appris dans la classe. Les élèves sont ainsi exposés constamment en classe.

La contextualisation et la répétition

Le contextualisation représente un facteur clé dans la mémorisation d’un mot. En effet, la mémoire retient facilement un mot si elle est associée à d’autres informations que s’il est isolé.

La contextualisation peut se faire de différentes manières. Le dessin représente par exemple un excellent exercice pour mémoriser un mot. Les élèves dessinent une image en lien avec le nouveau mot.

Au-delà de la contextualisation, la répétition constitue un allié du cerveau pour mémoriser une information. Vous pouvez donc utiliser le mot plusieurs fois dans des activités : dessins, expression orale, lecture, etc.

Au bout de 7 à 10 fois, vous pouvez considérer qu’il fait déjà partie du répertoire de l’enfant.

Romain Chalut

Je m'appelle Romain, j'ai 28 ans, je suis actuellement rédacteur web et professeur de soutien scolaire. Au cœur de ma méthode pédagogique, se trouvent l'interactivité et la participation active de mes élèves pour rendre mes cours intéressants et captivants. Professeur particulier passionné et diplômé (Master MEEF et CAPES), je donne des cours de maths, des cours de soutien scolaire et de langues. Sur ce blog, je vous partage mes connaissances et mes meilleures astuces pour aider les élèves à progresser. Mon objectif est de faire progresser chaque élève et de mettre mes compétences à disposition de quiconque souhaite en bénéficier pour améliorer ses résultats scolaires.