Comment enseigner la dictée au primaire ?
La dictée en primaire, ce terrible exercice tant redouté par les élèves du CP au CM2, est incontournable pour s’entraîner en orthographe et apprendre à écrire.
La dictée constitue la base pour maîtriser la lecture et l’écriture, conditionnant la réussite scolaire. C’est pourquoi elle est présente dans l’évaluation nationale de début d’année pour chaque niveau.
Mais comment s’y prendre pour constater des progrès chez les élèves ? Dans cet article, je vous dévoile l’essentiel à savoir sur la dictée au niveau primaire.
Quels sont les enjeux de la dictée en primaire ?
Depuis la fin des années 1980, le niveau des élèves français en orthographe est vu comme préoccupant.
D’après une étude menée par Jérôme Fourquet (directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Institut français d’opinion publique (IFOP)), 90% des élèves de CM2 faisaient plus de 15 fautes sur une dictée de 67 mots en 2021 tandis qu’ils n’étaient que 33 % des élèves à se tromper en 1987.
Pour aider les élèves en primaire à progresser, la dictée représente l’exercice privilégié des professeurs.
Pourtant, il s’agit de la bête noire des élèves.
Entre les fautes d’orthographe, les mauvaises conjugaisons, la confusion entre les homonymes, etc. l’exercice est vecteur de mauvaises notes.
Les programmes scolaires sont clairs. En sortant du primaire, les élèves doivent réussir à orthographier correctement un texte d’au moins dix lignes.
Pour les enseignants, l’enjeu est de taille puisqu’ils doivent aider leurs élèves à surmonter les erreurs grammaticales et les fautes lexicales. Or la dictée est encore souvent vue comme un outil efficace pour évaluer le niveau d’une classe, notamment en grammaire.
Cela implique d’écrire des mots connus sans difficulté, de réussir les accords grammaticaux sans faute et de savoir lire un texte de manière fluide.
En somme, les dictées favorisent le perfectionnement de l’orthographe et de la grammaire et contribuent à enrichir le vocabulaire des élèves.
Quelles sont les différentes formes de dictées adaptées aux élèves en primaire ?
Les professeurs des écoles de primaire ont le choix entre de nombreuses méthodes pour les dictées. Il est recommandé d’essayer toutes les formes avant de trouver celle qui convient à sa classe.
La dictée préparée
La phase d’analyse et de correction est ici la clé. Le professeur dicte un texte. La classe corrige ensemble. On analyse les erreurs que les élèves ont commises, cela fait partie du processus d’apprentissage.
L’autodictée
L’autodictée est similaire à la dictée préparée. Le professeur propose un court texte à sa classe. Chacun s’exerce ensuite à sa lecture. Le texte fait ensuite l’objet d’une analyse : signification des mots, les noms propres, les mots invariables, etc. L’enseignant leur donne le temps de l’apprendre par cœur. Les élèves écrivent ensuite le texte qu’ils ont appris dans le cahier.
La dictée enchaînée
Elle s’inscrit dans une méthode de dictée journalière.
L’enseignant(e) inscrit une ou deux phrases au tableau. Il/Elle peut prendre des libertés en reprenant un sujet d’actualité par exemple. Cela suscite la curiosité des élèves. On analyse le texte. Il est caché pendant la dictée jusqu’à la correction.
Le jour suivant, l’enseignant(e) ajoute une nouvelle phrase à analyser tout en dictant celle du lendemain. C’est ainsi de suite jusqu’à la fin de la semaine.
La dictée à 4 temps
Comme son nom l’indique, elle se déroule en quatre étapes.
La première consiste à dicter un texte court sans préparation. Les élèves s’auto corrigent ensuite et relèvent leurs erreurs. La troisième étape porte sur l’analyse du texte : accords, conjugaison, genre, etc.
Enfin, on refait la dictée en cachant de nouveau le texte.
La dictée photo
On réalise une dictée sans préparation. Les élèves disposent ensuite d’un temps pour la relecture. Une version imprimée du texte est affichée dans plusieurs endroits de la salle de classe. Ils peuvent les consulter et les mémoriser visuellement puis revenir à leur feuille.
La dictée négociée
Après un exercice réalisé individuellement, les élèves se rassemblent en groupe de deux ou trois. Ils confrontent leur copie, discutent, négocient et doivent rendre une seule dictée. Cette confrontation favorise l’argumentation et la coopération.
Il est possible de proposer une correction collective. L’enseignant peut demander aux élèves de reformuler leur justification. Il peut également proposer le même texte, cette fois-ci noté, le jour suivant.
Quelles sont les étapes pour préparer une dictée en primaire ?
La dictée de CP, CE1, CE2, CM1 ou CM2 est un exercice difficile, autant pour l’enseignant que pour les enfants.
Pour préparer une dictée, voici quelques étapes qui peuvent vous aider. A noter que vous pouvez l’adapter en fonction de la forme de dictée choisie.
La lecture
Cette première étape permet aux élèves de découvrir le texte sans pression. Vous devez lire à voix haute et lentement. Si le texte est long, n’hésitez pas à le découper en plusieurs paragraphes pour faciliter l’assimilation par les élèves.
Vous pouvez ensuite laisser chaque élève lire chacun à leur tour pour qu’ils se familiarisent avec les mots.
L’analyse du texte
Chaque dictée de CP au CM2 permet d’apprendre de nouveaux mots de vocabulaire et de règles grammaticales. C’est l’occasion de les découvrir un à un.
Laissez les élèves poser également leurs questions. Ils peuvent avoir des difficultés sur telle ou telle définition ou formulation, par exemple.
La justification de l’orthographe
Cette étape constitue une leçon à proprement parler.
Vous pouvez y passer plus de temps que dans les autres étapes. Pour cause, il s’agit ici de justifier les accords des noms et des adjectifs, d’expliquer les conjugaisons et de rappeler les règles orthographiques.
Vous pouvez entamer les exercices sous forme de question de type « Pourquoi ce mot doit-il prendre un x au pluriel ? ». Vous rappelez ensuite la leçon sur les mots qui prennent un x et s au pluriel.
L’analyse des mots difficiles
Certains mots sont plus difficiles à écrire pour les élèves. Ils éprouvent des difficultés à justifier l’orthographe. Dans ce cas, il faut lister ces mots et les étudier un à un. Cela implique que vous reveniez sur les règles orthographiques.
L’usage des surligneurs
Les surligneurs servent notamment à surligner les passages difficiles malgré les étapes précédentes. Vous pouvez utiliser deux couleurs pour distinguer les erreurs grammaticales et lexicales par exemple.
La dictée
Il s’agit de l’aboutissement de tous vos travaux préparatoires. N’hésitez pas à faire des pauses entre les paragraphes si le texte est trop long. Vous pouvez rappeler les points vus précédemment pendant les passages difficiles. Cela éveillera leur prudence.
La correction
Cette phase s’opère de différentes manières en fonction de la forme de la dictée. Vous pouvez afficher la solution au tableau ou former des groupes pour une correction collective.
Vous pouvez, bien-sûr, proposer à toute la classe une autocorrection entre les élèves.
La dictée finale
Vous pouvez réitérer cette dernière étape le lendemain. Vous dictez à nouveau le texte.
Vous rappelez les erreurs commises dans chaque passage pour alerter les élèves.
En somme, vous pouvez répéter le processus encore et encore jusqu’à la fin de l’année scolaire. Vous n’êtes pas obligé de noter chaque exercice. Cela diminue la pression chez les élèves.
Comment corriger la dictée en primaire ?
Certains courants académiques avaient démontré les effets néfastes des dictées.
Ils pointent du doigt les notes pas très brillantes qui découragent les élèves. Depuis, la dictée a retrouvé ses lettres de noblesse dans le parcours scolaire en primaire. Pour faire progresser les élèves, il faut néanmoins définir une méthode d’évaluation positive.
Rappelons d’abord la méthode à l’ancienne.
Les professeurs retirent deux points pour chaque faute de grammaire commise et un point pour une erreur d’orthographe. Ils retiennent également un demi-point pour l’accent. Cette évaluation donnait parfois des notes négatives certains, voire à la majorité de la classe.
Cela avait un impact sur la motivation des élèves à faire cet exercice.
En revanche, une évaluation positive renforce la confiance en soi et encourage les élèves à progresser. Celle-ci consiste à noter les mots justes au pourcentage.
On calcule ainsi le rapport entre le nombre de mots juste sur le nombre de mots total de la dictée.
Prenons une dictée de 80 mots.
L’élève a trouvé 35 mots justes.
Cela fait donc 35/80 et donne 43,75 % de réussite.
Si vous préférez noter sur 20, cela fait 20 x (35/80), soit 8,75/20. Il y a fort à parier qu’une note en pourcentage soit plus encourageante qu’une valeur /20, pour ceux qui ont du mal en orthographe.
Psychologiquement, c’est vrai qu’à quasiment 44 % de réussite, on se dit que nous ne sommes pas loin des 50 %. En revanche, avec 8,75/20, tout le monde dira « c’est pas terrible »…
Un barème moins sévère représente aussi une bonne alternative. Au lieu de retirer deux points par faute, on enlève un ou demi-point par exemple. Cette méthode permet de limiter le nombre de zéros. Il est l’idéal pour les textes courts qui ne contiennent pas de mots difficiles.
La dictée des évaluations nationales constitue également un moyen de suivre les progrès de l’élève. Celle-ci intervient en début d’année et concerne toutes les classes de primaire. Le professeur peut proposer le texte plusieurs fois dans l’année pour mesurer les efforts accomplis et les progrès de chacun.
Découvrir les règles de bases pour soigner sa copie
Avant même d’entamer les exercices et de suivre les étapes précitées, l’enseignant doit rappeler aux élèves les règles de bases pour soigner sa copie.
Faire une dictée sans rature est souvent mission impossible avec des élèves en primaire. C’est la raison pour laquelle il est souvent préconisé de privilégier le stylo plume ou le crayon à papier.
Ils peuvent ainsi effacer un mot en cas d’erreur et le réécrire.
Le crayon à papier est même l’idéal si vous prévoyez plusieurs séances de relectures avant la dictée finale.
N’hésitez pas à inciter les élèves à sauter des lignes. Cela leur laisse la place pour corriger les mots.
Pour faciliter la correction, vous pouvez aussi proposer aux élèves de laisser un espace plus grand entre les mots. Avant de rendre la copie, ils doivent recopier l’exercice au propre au stylo plume.
